Quelle que soit l’échelle géographique, le développement de l’Agriculture Biologique provient en général d’un ensemble de population qui en a compris l’intérêt. Quelques expériences principalement rencontrées au cours de nos déplacements avec BIOMAS et les producteurs de l’Armorique Maraîchère, peuvent nous aider à comprendre certaines des motivations écologiques qui ont généré ce système d’agriculture respectueux de l’environnement et permis d’établir des principes fondamentaux reconnus par l’ensemble des mouvements qui l’ont construit, aussi divers soient ils dans leurs déclinaisons. |
Turquie
L’exemple de ce village en Turquie qui par la collaboration active entre une commune, ses habitants et une société commerciale, adopte l’agriculture biologique, non seulement comme modèle pour ses agriculteurs, mais encore comme modèle pour une appréhension écologique et sociale de la cité. Concrètement, une station de compostage collective est créée, des essences d’arbre adaptées et valorisables sont plantées le long des chemins communaux et une majorité des surfaces cultivées de la commune est convertie à l’agriculture biologique. Un modèle collectif de rotation des cultures et de commercialisation est élaboré, sans démarche d’intégration forcée. Le revenu des agriculteurs, parties prenantes de cette démarche, est supérieur aux revenus des exploitants de la région.
Brésil
Les exemples rencontrés dans les environs de Rio de Janeiro au Brésil où différentes initiatives, toutes bio, mais de natures hétérogènes, sont appuyées par une Union de coopératives de l’Etat de Rio. Tel que ce village, réorganisé dans le cadre de la réforme agraire, à l’initiative de femmes du village qui associent à l’échelle d’une vallée, agriculture biologique, commercialisation des produits de la vallée et financement de la scolarisation. Ou ces nombreux petits producteurs, regroupés dans cette petite région dans les collines à 100 km de Rio, qui ont choisi le système de culture bio pour perpétuer des pratiques issues d’une longue expérience d’agriculture traditionnelle, comme les cultures végétales associées, la rotation des cultures, la lombriculture, les techniques pour éviter le ravinement, le maintien d’un pourcentage de forêts sur l’exploitation ou le compostage des végétaux. Ou cette station de recherche où nous rencontrons un chercheur spécialiste des couverts végétaux qui nous fait visiter un verger peuplé d’essences fruitières aussi diverses que souvent inconnues en Europe, mais qui parvient à fixer notre attention sur le sol en nous expliquant l’intérêt des différentes associations d’espèces végétales pour maintenir la santé des plantes cultivées, la santé des sols et l’équilibre entre auxiliaires et prédateurs.
Afrique du Sud
L’exemple de cet agriculteur, en Afrique du Sud, qui, sur 100 hectares, combat en bio pour, sans s’appuyer sur des intrants extérieurs, maintenir et redévelopper la fertilité d’une terre, là ou l’eau manque et la désertification menace. Il est passé d’un système essentiellement laitier à un système de production végétale, développe l’arboriculture en maintenant des productions légumières, couvre ses sols, composte l’ensemble des adventices jusqu’à la dernière feuille, et parvient à regagner pas à pas de l’humus.
Inde
L’exemple de cette paysanne bio indienne qui s’est rendu compte des conséquences néfastes et du leurre représentés par la révolution verte, qui a provoqué: dépendance aux intrants d’importation, stérilisation des sols et surtout perte des forces vives de l’agriculture traditionnelle motrice d’une richesse vivrière. Elle a souhaité réimplanter des variétés de riz traditionnelles et s’est brusquement aperçu que les variétés locales en Inde étaient en quelques années passées de plusieurs milliers à quelques dizaines. Sa lutte aujourd’hui est de sauver ces variétés et de les remettre en culture. De nombreux producteurs l’ont suivie, se rendant compte que les rendements des variétés modernes ne sont plus aussi forts, mais surtout que ces techniques modernes ont porté un préjudice, parfois irrémédiable à la vie de leurs sols.
Etats-Unis
L’exemple de ce producteur bio, haut diplômé de Californie, dont, de plusieurs kilomètres, nous voyons la ferme de 4 hectares, sorte d’îlot de nature planté au milieu des espaces stérilisés de cultures intensives. Il nous explique son système d’agroforesterie, d’alternance entre une rangée d’arbre et un lit de culture, de la largeur idéale de ce lit pour qu’une araignée puisse aller jusqu’au centre et revenir à l’arbre dans la journée, qui nous explique qu’il manque de pucerons cette année pour maintenir les auxiliaires, qui valorise au maximum les différentes essences, tout en développant, au sein de sa ferme, une grande diversité d’espèces et un équilibre écologique impressionnant. Nous repartons avec la connaissance de préparations naturelles efficaces pour éviter le thrips et autres prédateurs.
Égypte
Du 17 au 23 novembre 2008, une équipe de BIOMAS et de l’Armorique Maraîchère a visité l’agriculture égyptienne. Au programme, centre de recherche agronomique, rencontre avec des producteurs, découverte d’ initiatives agricoles et de systèmes de commercialisation des fruits et légumes, dans le delta du Nil et dans la région d’Alexandrie.
Afrique du Sud
En novembre 2007, nous avons loué deux voitures à l’aéroport de Johannesburg, pour un périple d’une semaine à la rencontre de l’agriculture sud-africaine et swazi. Biomas et les producteurs de l’Armorique Maraîchère envisageaient depuis longtemps de se rendre en Afrique du sud et au Swaziland pour comprendre l’agriculture et l’économie d’une région du monde reliée aux marchés anglo-saxons par de volumineuses exportations de salades et de légumes.
Pologne
Du 17 au 21 septembre 2003, Biomas et l’Armorique Maraîchère ont visité en minibus la campagne polonaise : un groupe de 20 voyageurs dont une quinzaine de producteurs de l’Armorique Maraîchère et Kazik, un Polonais installé en Bretagne, notre interprète.